Raphaëlle Sabattié

Arts visuels

Je travaille principalement l’argile, qui est vivante et garde en mémoire tous les gestes qui la mettent en forme. Elle est gorgée d’air et d’eau, comme un corps mou, sans os. Étirée en fines plaques, elle a la texture d’une peau, pleine de grains, elle plisse, craque, se déchire lorsque je la malmène. En modelant dans le frais avec le poids de la terre, dans une lutte pour faire tenir les formes debout, je flirte avec l’accident, la possibilité de chute. J’apprivoise la perte de contrôle en jouant avec ce qui me dépasse et amène les formes à des endroits inattendus, où elles prennent leur autonomie. Révéler le processus de fabrication des pièces a une importance particulière. A la surface, laissée brute et accidentée par les mains et les outils, on peut lire les différents gestes et étapes qui ont abouti à la forme. En laissant les pièces béantes, j’invite le regard à s’immiscer à l’intérieur de ces corps nouveaux.